Si le plastique a assurément révolutionné nos modes de consommation, l’heure est à la réduction de ses impacts sur la planète. Parmi les solutions, start-ups et centres de recherche imaginent des innovations et des matériaux d’emballage alternatifs, aux qualités de protection et de conservation identiques au plastique. Tour d’horizon de 6 innovations soutenues par Citeo au travers de son programme de R&D, d’appels à projets et de partenariats.
Des gobelets en papier-carton qui résistent à l’eau
Parmi les qualités reconnues du plastique, sa résistance à l’eau a en partie fait son succès. Cette caractéristique, dite « d’hydrophobie », explique qu’il soit devenu l’un des matériaux privilégiés pour les contenants de produits liquides. Votre gobelet de pause-café en carton ne fait pas exception : il contient une couche de plastique qui permet de contenir les boissons froides ou chaudes. Mais des alternatives se développent pour réduire cette couche de plastique et tendre vers un gobelet intégralement en carton.
Citons, celle du Centre technique du Papier (CTP) qui utilise la chromatogénie, une technique qui rend le papier-carton imperméable sans ajout d’autres matériaux ni de modifications des propriétés mécaniques et esthétiques de l’objet. Et bien sûr sans nuire à son recyclage !
Comment ? En greffant une molécule d’acide gras sur une petite partie des molécules de cellulose dont sont constituées les fibres qui composent le papier-carton. On obtient ainsi des gobelets en papier-carton pour boissons chaudes ou froides. Ne reste à date, dans ce gobelet, que 3% d’un plastique capable de se dissoudre dans l’eau pour apporter une barrière au gras (si vous souhaitez mettre du lait dans votre café, par exemple) et permettre la soudure des parois et du fond du gobelet. Mais des pistes sont déjà identifiées pour le remplacer par une matière en fibre de cellulose. Reste aussi à ce gobelet nouvelle génération d’obtenir la certification d’aptitude au contact alimentaire (le fait qu’il puisse contenir des aliments).
Brevet d’aptitude alimentaire validé pour l’emballage Earth Cup® de la société CEE Schisler, gobelet également en carton, recyclable et compostable à domicile. Fruit de 10 années de R&D, cette innovation s’appuie sur une autre technologie que la chromatogénie, celle de l’enduction, autrement dit l’apposition d’un vernis qui vient renforcer les propriétés du carton. Fabriqué en France avec des matières premières européennes, le gobelet Earth Cup® est produit selon les normes les plus exigeantes en matière de qualité et sécurité alimentaire.
Paptic, un « papier » aussi solide que le plastique
Autre ingrédient du succès du plastique : sa résistance aux chocs. Pour concevoir un matériau qui offrirait une résistance proche de celle du plastique, la start-up finlandaise Paptic a orienté ses recherches vers la fibre de cellulose. Le procédé de fabrication du Paptic se rapproche de celui du papier mais l’eau traditionnellement utilisée pour la fabrication du papier est remplacée par de la mousse, permettant de générer des fibres plus longues (mélange de fibres de cellulose naturelle et de fibres de cellulose régénérées) qui apportent une meilleure résistance au papier.
Saluée dans toute l’Europe et comptant déjà de multiples clients, les débouchés de cette entreprise sont multiples : sacs de transports, emballages du e-commerce, packagings de produits et même emballages alimentaires, etc. Sa vertu, c’est qu’il est recyclable dans la filière des papiers-cartons.
La caséine de lait au service de la résistance aux graisses et à l’oxygène
La place du plastique dans les emballages réside notamment dans sa capacité à favoriser la conservation des aliments, en étant imperméable aux graisses et isolant des gaz (comme l’oxygène) qui pourraient les dégrader. C’est pour s’attaquer à ce défi que la start-up française Lactips a crée un nouveau matériau plastique biosourcé, conçu à partir de caséine de lait. Il peut avoir plusieurs utilisations. Par exemple, appliqué en revêtement sur du papier, il lui confère des propriétés barrière aux graisses et aux gaz. Cette innovation a été baptisée par la start-up, Plastic Free Paper.
Le matériau Lactips peut aussi être utilisé seul comme film hydrosoluble, compatible avec les procédés industriels traditionnels de la plasturgie. Cela facilite son adoption et explique pourquoi on le retrouve déjà dans les produits vendus dans le commerce : films souples de produits alimentaires, de cosmétiques, de détergents… Un exemple ? Le film d’emballage de tablettes pour lave-vaisselle de la marque allemande Ulrich-Natürlich.
Cellulopack et une nouvelle génération d’éléments de calage
Visualisez les coffrets de vin, de produits cosmétiques ou de parfumerie. Beaucoup sont des étuis en carton mais leurs éléments dits de « calage » sont majoritairement en plastique, et rarement recyclables. Par ailleurs, l’imbrication du carton et du plastique complexifie le processus sur les chaines de recyclage.
Face à cette situation, l’entreprise française Cellulopack fabrique des calages en cellulose moulée à partir de fibres vierges (pâte de bois) ou recyclées (issues de cartons ou de vieux journaux). Un gros travail sur les propriétés de surface de la cellulose moulée a été mené afin de minimiser son caractère abrasif : en effet contrairement au plastique, elle a tendance à polir et user les éléments qui sont au contact ce qui peut être problématique, notamment sur les produits en verre. Actuellement, Cellulopack produit des barquettes alimentaires, des porte-gobelets, des calages pour coffret ou carton, des capsules biotop… et bien d’autres à venir !
Quand les magazines tournent la page du film en plastique…
Le blister, c’est ce film plastique qui enveloppe et protège les journaux et magazines lors de leur acheminement chez vous. Ou plutôt qui « protégeait » car depuis le 1er janvier 2022, la réglementation les interdit pour en limiter l’impact environnemental. Anticipant cette nouveauté, les acteurs des médias et de l’emballage ont déjà imaginé des alternatives.
Citons par exemple, les films en papier transparents et thermoscellants issus du projet « e-bliss » conduit par Citeo avec le Centre Technique du Papier (CTP), qui apportent la protection et la visibilité des magazines et imprimés. Un appel à projets est en cours afin de faciliter l’appropriation de ces nouveaux enveloppants papiers.
Comme pour les autres matériaux en papier-carton, l’enveloppant de type « e-bliss » est parfaitement recyclable et viable économiquement. Il existe d’autres alternatives au plastique, comme l’enveloppe en papier encollée (adoptée par exemple par Youpi, Wapiti, Phosphore…), ou l’adressage à découvert avec la suppression pure et simple de l’enveloppant (testé par UNI MEDIAS avec le magazine Dossier familial).
Papkot : un coating qui dote le papier de supers pouvoirs
Voir leur logo apposé sur tous les emballages vendus en France dans 5 ans ! C’est l’ambition que s’est fixé Manuel Milliery, le co-fondateur de l’entreprise Papkot, qui pénètre le marché des alternatives aux emballages en plastique. Comptant parmi les 8 lauréats de l’édition 2021 de Circular Challenge de Citeo, Pakpot a conçu un coating (revêtement) pour les papiers d’emballage qui leur assurerait une résistance aux chocs, une barrière aux graisses, à l’humidité, aux gaz et même des qualités pare-feu ! Et ils sont aussi compostables à domicile.